Ça aurait pu être une soirée normale si seulement le bon Dieu n’en avait pas décidé autrement pour Liang. Kangnam, minuit passé depuis belle lurette, des corps en sueurs dansant sur des rythmes endiablés, de l’alcool et un peu d’illicite aussi. Son sang battait dans ses veines en accord avec les pulsassions de la musique. Il entendait à peine ce que son voisin lui disait, et pour tout dire il s’en fichait. Il feinta une envie pressante pour lui échapper et lui adressa un clin d’œil aguicheur pour que cela passe mieux. Un geste superflu et dont il ne réalisera l’impact que plus tard. Il se fraya un passage au travers de la foule, renversa même une demoiselle qu’il ne prit pas la peine d’aider à se relever. Difficilement, il rejoignit ses amis à une table à l’écart et il se laissa tomber sans gêne sur l’un d’eux. En temps normal, Liang n’avait déjà aucune limite mais une fois qu’il consommait que ce soit tequila ou tout autre chose, il perdait toute notion de son corps. Voilà une heure qu’il se sentait plané et qu’aucune sensation parcourait son corps. Comme s’il n’en était plus le maître. Il ne réagit même pas aux mains de son pote qui se glissaient sur ses cuisses. Pas de quoi faire sa vierge effarouchée devant eux, il était passé sous les draps de presque tous. Même saint d’esprit on ne pouvait dire que son corps lui appartenait. Il avait même signé pour l’offrir à une agence un peu particulière. Le patron n’avait pas eu à négocier bien longtemps d’ailleurs, faut dire que cela ne lui faisait ni chaud ni froid de se faire prendre par des inconnus devant des caméras, à croire qu‘il n‘était bon qu‘à ça. Baiser et se faire baiser. Un corps désirée et sale. Quand est-ce qu’il était devenu comme ça ? Qu’est-ce qui l’avait fait basculé une deuxième fois ? Ce type probablement, ce mec qui l’avait pris presque forcé. Liang avait résisté puis cédé. Depuis, impossible de remonter à la surface. Il se laissait aller à ce qu’il y a de moins raisonnable, c’est toujours meilleur quand c’est interdit. Il avait sombré tellement profondément maintenant, qu’il ne souhaitait plus rien faire pour s’en sortir. Loin d’être heureux, sa vie lui plaisait pourtant, disons qu’il s’y était habitué. Elle ne s’écoulait pas comme un long fleuve tranquille, les ennuis lui collaient toujours au cul mais peu lui importait. Il ne se voyait pas vivre normalement. Il semblait qu’il n’était pas fait pour cela. La tentation et la luxure l’emporteront toujours sur lui. La faute à cet enfoiré. S’il ne l’avait pas croisé, il n’en serait pas là. Il faut accepter les choix du destin. L’espace d’une fraction de seconde, il crut l’apercevoir parmi les gens. Il se redressa immédiatement pour vérifier mais l’homme sur qui il était assis le ramena dans un geste brusque contre lui et l’occupa bien vite à coups de caresses bien placées. Liang éclata de rire, sa tête basculée en arrière contre son épaule. On est jeune qu’une fois pas vrai ? Pourquoi serait-ce mal d’agir de la sorte ? Il ne faisait que prendre plaisir à tout cela. Sans demander, il prit le verre de son voisin et le descendit d’une traite, le liquide coula un peu de sa bouche jusqu’à sa gorge et tâcha son t-shirt. Le mec désormais sans verre se fit un plaisir de lécher sa peau, déclenchant de nouveau le rire du chinois qui le repoussa d’un coup et se leva. Il slaloma jusqu’au bar, remua ses adorables petites fesses tout le long, et paf, s’appuya nonchalamment sur le comptoir. Il choppa une serveuse qui passait par le bras et la tira tellement fort qu’elle dû se retenir pour ne pas grimacer de douleur. Proche de ses lèvres, il commanda un énième verre et glissa l’argent dans son décolleté.

Certains, au moment où ils rencontraient Liang, pensaient tombés sur un mec coincé, sur un bébé. Sa bouille d’ange n’amenait pas du tout à imaginer un tel caractère. Pourtant, le chinois n’avait rien d’un petit coincé. Mais alors là rien du tout. Malheureusement, le côté innocent que dégageait son physique avait tendance à attirer les gros pervers. Il tombait toujours sur un gros lourd, et évitait en général de sortir seul pour ne pas se retrouver coincé avec l’un deux. Maintenant qu’il ne se prostituait plus il préférait choisir ses partenaires. « L’homme à votre droite vous paye le prochain. » Liang l’interrogea du regard avant de tourner la tête. Oh non, le crétin d’avant qui lui racontait sa vie. Trop tard, il s’approchait déjà. Liang le gratifia d’un sourire en guise de remerciement avant de ne reporter son attention sur son verre et de le vider assez rapidement. Ouais, tant qu’à avoir un verre gratuit autant en profiter. Il prit le second déjà posé à côté et s’apprêtait à rejoindre sa bande sauf qu’une main le retint. Liang se dégagea immédiatement, mais rebelote, et cette fois la prise fut plus fort, plus violente. Si bien que lorsque l’homme, visiblement plus âgé que lui le retourna et l’attira contre son corps potelé son verre s’écrasa contre le sol. Il manqua de glisser sur le liquide mais encore une fois le pervers le rattrapa. Il puait la transpiration, écœurant. Liang gigotait autant qu’il pouvait, évitant les lèvres de l’ivrogne. Il se tournait vers ses amis, espérant qu’ils l’aperçoivent mais peine perdue, ils étaient trop occupés à faire les cons avec des pétasses couvertes de fond de teint. Bon mon petit, va falloir te tirer de cette merde tout seul. Il regrettait de lui avoir parlé un peu plus tôt, mais alors vraiment, sa gentillesse le perdra un jour. Enfin, gentillesse, tout est relatif. Là tout de suite, il se sentait comme une femmelette mais vraiment. Il ne parvint qu’à lui cracher au visage et à lui offrir un coup de poings mais il n’eut le temps que de faire deux mètres que déjà l’autre con le choppait. Mais cette fois, il se faisait entrainer dans une direction qui ne lui plaisait pas. Ah non pas les toilettes. Liang avait beau se débattre les gens autour ne s’en souciait guère. En même temps, il aurait été à leur place, il n’aurait rien fait non plus. Il n’arrivait qu’à le dévier de sa trajectoire si bien qu’il se retrouva coincé contre un mur. Il baissa la tête pour ne pas l’embrasser, ou la lever. Bref, la situation devenait critique.

« Allez bordel, achète et ferme là je t’en supplie, il suffit que tu me passe ce p*tain d ‘argent, que tu prennes ta connerie de dose et je peux me barrer donner ma dope ailleurs !! »Ces paroles, Jethro les pensait mais beaucoup trop fort pour que son agacement ne puisse être visible à travers son regard. Mais le jeune homme avait une règle : rester courtois avec le client en toute situation, rester calme avec celui qui te permet de payer ton loyer. Il respira un bon coup puis réussit à dessine un sourire des plus forcé qui resta bloquer sur le bout de ses lèvres. « Tu ne mérites pas que je gâche un sourire pour toi espèce d’enflure ! ». Encore une fois, il le pensa très fort. Ce mec d’une trentaine d’année avec son espèce de nana botoxée, à l’air hagard, les yeux vide comme ceux d’un poisson chats commençaient vraiment à lui taper sur le système. L’homme avait dit vouloir deux dose d’héroïne puis il s’était ravisé et avait demandé deux doses de cocaïne pour finalement en venir à 4 pilules d’ecstasy que Jethro vendaient trop cher à son goût. Alors d’un air qui se voulait à la fois courtois tout en ne cachant pas une once de son mépris, le coréen de 23 ans déclara d’une voix des plus calmes : « Ecoute mon gars, je ne suis pas une épicerie, sois tu prends ta dose et tu me file l’argent, la somme exacte ! » Sa voix était montée d’un ton sur le mot « exacte ». Il s’en rendit compte et décida de se calmer pour être sûr d’avoir son argent. « Sois tu vires et tu cesses de me faire perdre mon temps sous peine que je te plante toi et ta gourdasse de copine, tu piges ?» Voilà, il n’avait pas pu, c’était plus fort que lui. Il détestait perdre son temps, ça le mettait hors de lui alors comment pouvait-il garder son calme avec un espèce d’abruti de ce genre ? Il ne pouvait pas et il venait de le prouver. Mais comme le gars et sa copine était déjà bien amoché par l’alcool, ils n’en tinrent pas rigueur et ce fut une chance ! Finalement, ils lui achetèrent 8 grammes de cocaïne pour une somme qui permettait à Jethro de se nourrir pendant un mois ce qui lui redonna le sourire immédiatement. Il lui tapota gentiment l’épaule et offrit son plus beau sourire à l’espère de pouffe : « Je vous souhaite une merveilleuse soirée ! ». L’argent trouva un nid fort douillet dans le boxer du jeune homme. Les poches, dans ce genre d’endroit, c’était suicidaires, n’importe qui aurait pu lui voler la grosse somme qu’il possédait désormais. Il inspecta un instant son stock pour voir ce qu’il lui restait : quelques grammes de coke, un peu d’ecstasy (une dizaine de pilules) et un peu d’héroïne. Toutes les amphétamines, les méthamphétamines étaient parti comme des petits pains. Le marché de la drogue était fleurissant pour Jethro. Depuis qu’il était à Séoul, les affaires ne s’étaient jamais aussi bien porté. Il avait gagné en réputation. Tout le monde savait qu’il était un des meilleurs fournisseurs de la ville et en plus de ça, on le laissait en paix. Jamais il ne s’était fait prendre, ni lui, ni les quelques gars à bosser pour lui. Niveau clients, aucune soucis à se faire : Jethro portait toujours des grosses lunettes de soleil noires opaques, et surtout personne ne connaissait son vrai nom sauf ses amis qui, eux, ne le dénonceraient jamais. Autant dire qu’il avait trouvé le filon. Mais se balader avec des lunettes de soleil dans une boîte de nuit, c’était loin d’être pratique alors aujourd’hui il avait simplement opté pour une capuche et il se déplaçait toujours tête baissé. Jethro se décida finalement à quitter l’espèce de coin privatif de la boite de nuit où il se trouvait pour rejoindre la foule en bas des escaliers. Les gens dansaient, s’amusaient. Jethro observait cela avec une certaine hauteur, presque avec prétention. Cette foule juste là, c’était son gagne-pain. Il n’avait pas honte de le dire ; il vivait sur les dépendances, les excès des autres, et alors ? Pour lui ça n’avait rien d’immoral. Ces gens avaient fait un choix qu’ils devaient assumer. On ne devait pas le tenir pour responsable d’offrir un peu de rêve à ces misérables ! Il n’avait sûrement pas le temps de jouer les assistantes sociales : « un business est un business » pensait-il. C’est comme ça qu’il voyait cela. Enfin il émergea de ses pensées pour poser son regard sur une jolie paire de fesses non loin de là. Puis de ces fesses il remonta son regard jusqu’au visage de la demoiselle ... pas mal ! Il était pourtant peu friand des coréennes en général (ça ne valait pas pour les coréens) mais celle-ci avait un semblant de formes, de courbes qui lui plaisait bien. Il abaissa sa capuche pour s’approche d’elle. Bien sûr, elle l’avait repérer aussi et ne le repoussa pas. Ce n’était pas comme si le jeune homme avait l’air d’un vieux pervers à venir se frotter aux jolies demoiselles. Non, il aimait agir avec classe. Ainsi il prit doucement sa main qu’elle lui donna volontiers et l’attira doucement vers lui. Il vint chuchoter à son oreille combien il la trouvait jolie mais celle-ci se mit à glousser comme une dinde ce qui le stoppa net dans son élan. Il avait horreur des espèces de cruches ! Il écarta son visage de son oreille pour la regarder et grimaça avant de simplement la repousser et s’éloigner après lui avoir fait tapoter l’épaule comme à un animal mort. Ainsi il marcha sans s’arrêter jusqu’au toilettes après avoir esquivé deux ou trois serveuses. Il vaincu la foule et poussa nonchalamment la porte des toilettes pour hommes. Il fonça jusqu’aux urinoirs qui se trouvait face à la porte et se soulagea tranquillement et en silence puisque les toilettes étaient vides. Mais le calme fut de courte durée puisqu’il entendit la porte des toilettes s’ouvrir violemment. Au début, il fut d’avis d’ignorer simplement le ou les nouveaux arrivants mais quelque chose lui sembla bizarre sans qu’il ne fût capable de dire quoi. Il tourna alors furtivement la tête, juste assez pour pouvoir apercevoir un visage qu’il connaissait bien se faire entrainer dans une des cabines par un espèce de vieux crade. Jethro resta d’abord figer. Qu’est-ce que Liang foutait là avec ce mec ? Tout ça ne paraissait pas net. Il connaissait les mœurs libérés du jeune chinois mais de là à se taper un vieux thon dans les chiottes d’une boîte de nuit ! Puis il avait cru apercevoir le visage d’un homme contraint, pas d’un gars plein de désir près à se faire sauter. Jethro palpa le couteau qui se trouvait dans sa poche arrière comme pour se rassurer qu’il était bien là. Il le gardait toujours en cas de pépin avec d’éventuels clients récalcitrants mais soudain il sentait que c’était le moment de le sortir. Il s’approcha de la bonne cabine et tendit l’oreille. Il n’entendit pas grand-chose mais assez pour défoncer la porte d’un violent coup de pied. Il prit l’espèce de vieux dégueulasse, sur qui s’était écroulé la porte, par le cou et le plaqua violemment contre le mur sans avoir même fait attention à Liang. Il ne voyait que le vieux, c’était le seul objet de la rage qu’il éprouvait à l’instant. D’un geste rapide, il dégaina son couteau de sa main libre et le pointa sur le ventre du gars tout en maintenant fermement sa gorge dans son autre main. « Alors maintenant, mon gros, tu vas bien m’écouter … si je revois ta vieille gueule de merde dans cette boîte, je te plante ce couteau dans le ventre jusqu’à que ton sang ait reteint ta peau en rouge, pigé ? Et si t’essais de reposer la main sur lui (il resserra l’étreinte de sa main puis approcha de son visage, les yeux remplis de mépris et de rage), je te fais regretter d’être venu au monde !! ». Comme l’homme paraissait terrorisé plutôt que réellement dangereux, Jethro le laissa partir en le poussa hors de la cabine et le regarda quitter les toilettes. Puis un peu essoufflé, il se passa la paume droite sur le front tout en rangeant le couteau dans sa poche arrière. Après un instant seulement, son regard se dirigea vers Liang. « Quand est-ce que tu feras enfin attention ? Y’aura pas toujours quelqu’un pour sauver ton joli petit cul ! » . Jethro se sentait tellement blasé mais à la fois soulagé de voir qu’il n’avait rien. Mais le sentiment de d’exaspération prit le dessus. « A ta place, j’arrêterais d’aguicher tout ce qui bouge et ressemble de près ou de loin à un mec ! » Le soupire qu’il lâcha fut révélateur du sentiment qui le traversait. Jethro remit sa capuche sur sa tête et prit Liang par le bras. « Allez ! Viens ! Mieux vaut pas rester là ».Sans lui laisser le choix, il l’entraina avec lui hors des toilettes.

« Justement. Tant qu‘on aimera mon cul on le sauvera. », Jethro n’eut pour réaction que de lever les yeux au ciel. En général, ça lui arrivait souvent lorsqu’il était en compagnie de Liang. Sans exagérer, on peut même dire que ça lui arrivait tout le temps. La quasi majorité des paroles que le jeune chinois débitait avait pour don d’exaspérer Jethro au plus haut point. Il n’y avait rien à ajouter et le jeune homme ne voulait pas rentrer dans son jeu mais il se demandait en son for intérieur si Liang était capable d’agir normalement et de dire : salut hyung, merci au fait de m’avoir sauvé d’un vieux dégueulasse prêt à me violer, je vais même te récompenser avec une petit gâterie parce que je suis de bonne humeur !

Oui, voilà, ça c’était agir enfin normalement. Mais il avait beau se plaindre, il y avait tout de même ce quelque chose dans la personnalité particulière de son cadet qui lui plaisait bien mais qui l’horripilait en même temps. Il n’aurait pu placer les mots dessus ni pointer du doigt ce qu’il aimait ou pas mais il y avait quelque chose. En ce qui concerne son petit cul, c’était tout vu : c’était quelque chose qu’il aimait bien évidemment. De toute manière, physiquement il ne pouvait rien lui reprocher. Par contre, la manière avec laquelle il jouait avec son corps était plus que reprochable ! Et rien que d’y penser, ça lui hérissait les poils ! Jethro avait horreur de savoir que Liang faisait du porno, il ne voulait même pas l’imaginer en tant qu’objet du désir de milliers de dégueulasse qui se caressait le boulon devant lui, ça lui donnait la nausée ! Lorsque Liang se dégagea de son emprise, Jethro refit enfin surface. Il le fixa intensément, se demandant ce qu’il allait encore lui sortir comme connerie habituelle.
« T‘es mignon et tout, genre c‘est cool de m‘avoir aidé mais tes mains sur moi non vraiment ça me plait pas. »

Nouveau regard vers le ciel pour Jethro, nouveau soupir d’exaspération. « Tu préférais sûrement celle du petit porcelet » lâcha-t-il entre ses dents, juste assez bas pour qu’il n’entende pas mais assez fort pour lui-même et pour provoquer son petit rire mesquin. Il voyait bien que Liang était totalement défoncé soit à l’alcool soit à d’autres substances et il n’avait pas envie d’en savoir plus. Mais il s’en rendait bien compte, il parlait beaucoup plus que d’ordinaire et de manière plus rapide. Le connaissant depuis assez longtemps, Jethro était capable de déceler ce genre de détail. Par contre, ça lui fit penser à quel point lui-même était désespérément sobre. Il n’avait même pas bu un seul verre depuis son arrivée. Business is business, il avait d’abord dû fait son job avant de penser à s’amuser. Il était là pour affaire la majorité du temps. Car oui, dealer c’était un métier à temps pleins pour le jeune coréen. Il vit son « ami », si on peut l’appeler ainsi, partir vers le bar puis revenir assez rapidement avec deux verres dont un qu’il lui tendit. Jethro le prit et avant de boire, leva son verre et lança : « Et c’est bien parce que t’es ma petite pétasse préférée ! » Puis il le vida d’une traite en se retenant de ne pas glousser en buvant, histoire de ne pas mourir en s’étouffant. S’il croyait que ses petits sourires de chinois mignons lui faisaient de l’effet depuis le temps. Non, Liang ne pouvait sûrement plus jouer avec lui de la sorte. Ca en devenait tellement comique car Jethro le connaissait par cœur, il connaissait ses tactique d’approches, les moues qu’il utilisait pour charmer… Désormais, la plupart des réactions de l’aîné étaient de répondre par sarcasme ou avec une pointe de cynisme… le reste du temps il se plaisait à entrer dans son jeu parce qu’au fond, lui aussi était un joueur, un manipulateur de première. Seulement, ce jeu de manipulation entre deux manipulateurs ne menait jamais à rien, au mieux à un petit détour sous la couette. Jethro refila son verre vide à la première pétasse qui passait par là et se concentra enfin sur Liang par l’effet d’un effort surhumain. C’était une corvée pour Jethro de devoir se concentrer sur une seule chose en même temps. Son esprit risquait de partir à la dérive à chaque instant. Mais il osait espérer qu’on lui pardonnerait car… oui c’est Jethro quoi ! Ayant bu trop vite, il ne sentit pas la goutter qui déambulait le long de son menton et qui fut évidemment récupérer par Liang. Jethro le laissa totalement faire sans rien dire puis il attrape son doigt, le mena à ses lèvre et passa la langue dessus comme pour récupérer la goutte. « Je ne suis pas là pour m’amuser, je suis là pour affaire, j’avais du stock à vendre, d’ailleurs si ça t’intéresse il me reste des petites choses, monsieur joli popotin ! »

Un léger sourire aux accents ironique se dessina sur ses lèvres puis il lâcha son doigt avant de fouiller dans sa poche pour en sortir une vieille clope roulée et froissée qu’il s’alluma tout de même. Il rangea le briquet puis reporta son regard transperçant vers Liang. « On te paye combien d’ailleurs pour montrer ce popotin dans des films et donc à des milliers de pervers grassouillets comme celui de tout à l’heure ? J’espère que tu es riche … si tu travaillais avec moi, tu te ferais sûrement plus et sans avoir à donner ton cul… t’aurais le droit à des doses gratuites, et tu aurais également le droit de me tailler des pipes, avoues que c’est un job de rêve mon chou ? ».

Il tira nonchalamment une bouffée sur sa cigarette, toujours en le fixant droit dans les yeux. « Oh non, pardon, j’oubliais que tu es un homme de principe ! »

Le simple petit sourire se transforma en rire narquois qu’il ne put et ne voulut pas retenir. C’était sa passion de le taquiner ainsi et il y prenait un malin plaisir.

Jethro savait parfaitement ce que cela représentait de se moquer ainsi de Liang. Même si il avait tendance à prendre des airs supérieurs avec tout le monde et à dénigrer le premier venu, dans le cas de celui-ci c’était tout à fait différent. Il aurait pu s’en foutre mille fois de ce que son cadet faisait de son corps mais bizarrement, ça la ne laissait pas indifférent. S’il prenait autant de liberté à se moquer de lui, c’était parce qu’il avait secrètement envie que Liang arrête ses conneries de pornographie. Le jeune homme en était écœuré au plus haut point rien que de l’imaginer se faire prendre par on ne sait quel acteur porno. Il connaissait ce petit gars, il savait ce qu’il valait mieux que quiconque (du moins c’est ce qu’il pensait), il aurait vraiment aimé qu’il fasse quelque chose de sa vie, autre chose que se prostituer en image. Car ça ne représentait rien d’autres aux yeux de Jethro. Même si ce qu’il faisait lui-même n’avait rien de beaucoup plus glorieux en soit, ni de plus moral, rien n’était pire que vendre son corps. Son côté enfoui de protecteur ressortait particulièrement en sa présence. Mais il le montrait bien à sa manière, se gardant bien de lui faire directement la leçon : son rôle n’était pas celui là, il n’aurait pas aimé qu’on lui fasse la leçon à lui-même alors pourquoi imposer ça à Liang ? Puis il était vraiment mal placé pour donner des conseils lorsque lui avait été chez d’un petit réseau de prostitution dans sa jeunesse à Ardwick. Mais justement, il connaissait ce monde, connaissait ses codes, comment cela fonctionnait, comment il était possible d’amocher sérieusement des âmes et il voyait bien que le passé de Liang l’avait sérieusement amoché, même si ce dernier ne l’admettrait sûrement pas et encore moins à lui, Jethro.

Concernant la drogue, le penchant de Liang pour celle-ci ne lui était pas inconnu, avant même qu’il ait dit oui, la réponse était déjà toute dite. Quant aux provocations de son cadet, elle lui passait bien au-dessus de la tête : il pouvait bien le caresser, frôler ses lèvres sautant qu’il voudrait.. Pour Liang, même s’il y avait une sorte de désir, ça n’avait rien à voir avec le désir qu’il aurait pu éprouver pour n’importe qui d’autres, c’était un désir bien à part et auquel il pouvait résister sans un seul effort. Encore plus en étant sobre. « Ta queue n’a plus rien à me donner Jethro, je passe mon tour. » La remarque eut au moins le mérite de le faire sourire. Il pensa en lui que la queue d’un acteur porno qui avait tourné dans on ne sait trop quelle bouche n’avait, elle, vraiment rien à lui offrir de plus que ce qu’il pouvait déjà s’offrir. Mais il n’en dit rien et se contenta de garder le silence en fumant tranquillement sa cigarette. Sauf que Liang revint à la charge, à se coller à lui, à mettre ses mains à des endroits pourtant sensible de son anatomie mais Jethro resta de marbre devant une telle démonstration. Est-ce qu’il pensait vraiment que ce petit jeu pouvait encore marcher avec lui ? Oh si, il l’avait déjà vu dans un de ses films et c’était d’ailleurs à partir de là qu’il avait voulu l’en sortir. Mais contraindre Liang, c’était peine perdue. Tout ce qu’il pouvait faire à la rigueur, c’était le convaincre de travailler pour lui ce qu’il n’accepterait jamais. Pourtant il l’aurait bien traité, mieux que là où le jeune chinois travaillait en ce moment en tout cas. Certes, il ne s’agissait pas de se construire un avenir sur des bases fixes, mais qui a envie de bases fixes de nos jours ? C’était tellement plus amusant de ne pas savoir ce qui allait lui arriver le lendemain, s’il allait finir en taule ou pas, s’il vendrait ou pas, s’il allait se faire tuer ou pas. Jethro y ressentait une sorte de plaisir masochiste à faire ce qu’il faisait, pour lui c’était presque le plus beau métier du monde alors que Liang refuse une telle opportunité, il avait tout de même du mal à le concevoir mais bon .. qu’importe, tant pis pour lui se disait-il. « Allez, baiser un acteur porno, ça sonne pas si mal. »

Jethro cessa de sourire et fit un instant semblant de rentrer dans son jeu, il posa sa main sur sa main pour la fit doucement remonter tout le long de son bras en le pressant doucement contre lui mais intérieurement, il riait aux éclats. Ca paraissait tellement inconcevable en ce moment d’être là, avec Liang dans ses bras qui lui faisait des fausses avances qu’il en pouffait de rire silencieusement. Le bout de ses doigts vint ensuite glisser dans son cou pour finir dans ses cheveux où il fit pression pour que leurs deux visages ne fussent qu’à quelques millimètres l’un de l’autre. « Un défi, tu dis ? » Un petit rictus refit surface sur le bord de ses lèvres. « Ne parle pas comme si je ne t’avais pas déjà sauté mon chou, tu as la mémoire courte »

Il vint doucement embrasser le coin de ses lèvres exprès avant de lui mordiller très furtivement la lèvre inférieur puis de prendre à nouveau un peu de distance. « Et, comme tu dis, ma queue n’a plus rien à t’offrir. » Sur ces mots il le repoussa carrément de manière à ce que Liang reprenne sa place un peu plus loin. Jethro tira la dernière taffe de sa cigarette puis la balança au hasard sur le sol. « Par contre, je t’offre un allé simple vers le Nirvana avec ça » Il fit émerge une petite pilule rose sur le bout de son index comme par magie, index qu’il approche doucement des lèvres de Liang. « Partant ou pas ? »

« Je suis sûr que tu en as encore envie parfois. » Evidemment, c’était un fait établi. Avait-il vraiment besoin de répondre à cette question ? Il n’en valait pas la peine. Il n’y avait qu’à regarder Liang pour cela. Il avait en somme, tout ce que Jethro pouvait apprécier et il ne s’agissait pas que de son physique. Il aimait que cet ami lui ressemble autant, il aimait qu’on puisse s’amuse à jouer avec lui comme il aimait jouer avec les autres. Ce sentiment de vulnérabilité et en même temps de pouvoir sur l’autre… c’était un pur délice pour le jeune homme. Il appréciait également que Liang soit à la fois farouche et pas farouche du tout, qu’il puisse aussi facilement résister que se donner, tout cela ne le rendait que lus désirable aux yeux de Jethro. Alors oui, même sobre, il n’aurait pas hésité une minute à coucher avec parce qu’après tout, il n’est qu’un homme, avec les désirs, les pulsions qui vont avec. Et face à un autre homme, aussi particulier et à la fois aussi semblable à lui-même, l’occasion était trop belle. Il n’aurait été qu’un idiot de refuser le corps de son cadet. Quand les deux hommes avaient couché ensembles, ça avait été la première fois de Liang. Depuis ce jour, il avait considérablement gagné en expérience vu son métier et avait nécessairement beaucoup offrir à Jethro sur le plan sexuel en tout cas. Enfin il ne pouvait que l’imaginer, car à ce stade, cela faisait un bail que les deux hommes ne s’étaient pas réellement touchés, à part leurs petits jeux . Mais le jeune coréen n’en était pas non plus au moins d’espérer de tout son cœur que quelque chose se passent entre eux. Si l’occasion se présentait tant mieux, sinon tant pis, peu lui importait de ne pas pouvoir accéder à cela. Il n’en rêvait pas la nuit, ne fantasmait pas non plus. Simplement, l’idée ne lui déplaisait pas, ça s’arrêtait là. En lui donnant la drogue, pas une moment il n’avait imaginé profité de son état pour aller plus loin, Jethro ne réfléchissait pas ainsi. A vrai dir il avait envie de passer du bon temps avec Li’ car ce genre de moments étaient rares et même s’il ne l’avouerait jamais, passer des moments avec lui représentait quelque chose d’assez important, sans qu’il ne put vraiment expliquer pourquoi. Peut-être simplement parce qu’il s’amusait bien en sa compagnie, oui, c’était surement ça ! Puis lui faire payer, lui faire payer quoi ? Lui demander de payer cette petite pilule ça aurait été comme le payer pour passer la soirée avec lui, ça n’aurait absolument aucun sens. Si bien qu’il ne releva pas la remarque, une fois de plus, se contentant d’observer son ami. Une fois de plus il s’était approché ! Décidément, rien ne servait de le repousser, il revenait à la charge et ça en devenait vraiment comique à force. Puis la manière dont il l’avait attrapé par la nuque… Jethro connaissait trop bien Liang pour deviner que chaque geste était calculé… oh et puis après tout s’il voulait jouer , il fallait jouer ! De toute manière, les deux n’allaient pas tarder à être sous emprise de l’ecstasy, on était vraiment plus à ça prêt. « Tu vas bien t‘occuper de moi, d‘accord ?» Jethro fit semblant de se mordiller la lèvre en faisant briller une sorte d’excitation qu’il ne ressentait pas du tout en réalité. Juste pour leur jeu. Et à ce jeu de simulation, le coréen était très bon ! « Je vais le faire, et j’espère que je saurais bien récompensé pour le travail accompli ». Mais le baiser qui suivit était loin d’être attendu ! Pour la première fois, Jethro montra signe de faiblesse en laissant apparaitre son étonnement mais il se reprit vite car il ne devait pas perdre la face si facilement. C’était sur que Liang allait jouer la carte de la séduction jusqu’au bout et il fallait donc s’attendre à tout de sa part. De toute manière il n’eut pas le temps de dire « ouf » que Liang virevoltait déjà vers d’autres horizons. Pendant ce temps, tout en l’observant de loin comme un père surveillerait son enfant, Jethro fouilla dans sa poche pour en sortir une pilule identique à celle qu’il avait donné à son camarade et la goba aussi facilement que si c’était du petit lait. En l’observant au loin, il ne put réprimer un rire : Jethro savait très bien que passer une soirée avec Liang, c’était accepté tout cela aussi : le voir courir à droite à gauche et offrir sa bouche voir plus à qui le voulait. Mais honnêtement, Jethro n’en avait rien à faire, c’était assez cocasse à voir et puis de son coté, il était également libre de faire ce que bon lui semblait. Par contre les effets que la drogue pouvait avoir sur Li’ l’inquiétait un peu : il lui avait refilé un produit assez fort et le package foule+musique+alcool pouvait vite tourner au bad trip voir l’overdose alors il fallait rester prudent. Son sourire se fit plus large encore quand il le vit gambader à nouveau dans sa direction ; sourire qu’il n’aurait d’ailleurs jamais afficher d’ordinaire dans cette situation mais on s’en fichait ! ce n’était pas une soirée comme les autres : « Faut pas rester seul comme ça chéri.» Jethro l’entoura de ses bras et pencha un peu la tête vers lui pour pouvoir plonger le regard dans le sien. « Oh mais je pensais devoir jouer les gardes du corps pour toi… », Son sourire se fit beaucoup plus enfantin voir espiègle. « Mais si ce n’est pas le cas, je vous emmène sur la piste messire ! »

Jethro le souleva du sol sans grand difficultés, lui faisant enrouler ses jambes autour de sa taille et l’emmena ainsi jusqu’au bar où il le fit s’asseoir pour qu’il puisse monter dessus avant de l’y rejoindre lui-même pour danser à ses côtés alors que les effets de l’ecstasy se faisaient peu à peu sentir en lui. Il connaissait ces effets et savaient parfaitement à quoi s’attendre. Mais il n’en était pas de même pour Liang puisque c’était un nouveau produit jamais testé sauf par lui-même. Mais Jethro avait décidé de ne pas s’en préoccuper pour le moment et de simplement s’amuser. Ainsi il laissa aller son corps au rythme de la musique. Ses tempes semblait suivre les palpitations de basses, les formes paraissaient légèrement déformer, comme s’il venait d’enfiler une paire de lunette qui lui permettait de voir les vraie chose. Il réalisait à quel point certain été laids, d’autres si beaux et d’autres si insignifiants. Il semblait pouvoir faire le tri lui-même dans le monde comme si pour la première fois de sa vie il pouvait se dire : je vois ! Son corps semblait se caler parfaitement sur la musique, il se sentait dieu de la soirée. Et lorsqu’enfin son regard croisa le joli minois de Liang, il lui parut mille fois plus beau encore ; ça en devenait réellement troublant. Il posa une main sur sa hanche et se mit à danser coller à lui, tout à fait naturellement, comme si ça avait été n’importe quelle gars ou filles de la boite de nuit. En lui, naissait l’impression que s’il embrassait le jeune chinois, ainsi, aux vues de tous, ils auraient été comme un couple de dieu parmi ce pauvre monde et cette idée l’excitait au plus haut point. Alors il attire fortement son partenaire de soirée à lui et l’embrassa d’un baiser fougueux mais dénué de tout romantisme bien évidemment ; c’était juste ce genre de baisé plein d’ardeur qu’on donne pour prouver on ne sait quoi à on ne sait trop qui. Sans rien lui dire il continua de se trémousser à ses côtés puis reporta à nouveau son attention vers lui pour lui chuchoter à l’oreille : « Si les effets montent et que tu te sens mal ou oppressé, on s’en ira… ». Son expression était plus sérieuse mais ça n’enlevait rien au fait qu’il était totalement défoncé. Ce qui le mena à dire ces mots qu’il regretterait sans doute et qu’il lui chuchota à nouveau à l’oreille : « En fait je vais te dire un truc … j’ai envie d’être juste avec toi là… tu peux être sûr qu’on s’amusera bien à deux… je sais que je te dis ça parce que je suis raide défoncé mais je m’en fou en fait … a toi de voir…»

Lorsque l’on a quitté l’état de sobriété, il y a toujours plusieurs voix qui parle en nous : celle de la raison que nous nous faisons une joie d’oublier et l’autre : plus naturelle, plus impulsive, moins réfléchis ; autrement dire celle qui nous fait dire ce que l’on regrettera amèrement le lendemain matin après 4 tisanes, une bonne douche et un repas copieux. Au moment d’émerge enfin, où on croit qu’on va enfin mieux mais là : PAF ! On se souvient enfin des détails de la veille et des conneries qu’on a dites. Et si ce n’est pas le cas, un bon ami sera toujours là pour vous le rappeler. Et bien c’était justement cette autre voix que Jethro avait suivi en déclarant cette phrase totalement absurde à Liang. Oh fond de lui, sa voix de la raison avait beau lui crié : tu es ridicule ! Ridicule ! Il ne l’entendait pas, ou plutôt c’était plus fort que lui, ; les mots sortaient trop vite de sa bouche et son cerveau ,ne triait les propos que bien trop tard. Et même si de manière général, il se serait senti idiot après avoir dit une phrase pareille, cette fois ce n’était pas le cas : merci la drogue ! Il n’était même pas conscient que Liang avait toutes les raisons de refuser. Après tout, il venait de perdre à leur petit jeu en faisant une telle phrase à voix haute. Le jeune chinois aurait eu toute les raisons de le rembarrer voir même de se moquer. Jethro aurait du s’attendre au pire de sa part mais vint la réponse jamais espérée :
« Emmène-moi alors. »
Et finalement, Jethro ne réalisa même pas sur le moment. Il fut simplement parcourut d’un rapide frisson lorsque son cadet se mit à titiller son lobe, rien de plus. L’information était tout bonnement incapable d’atteindre son cerveau. Tout ce qu’il savait, c’est qu’il devait désormais suivre Liang qui quittait le bar. A son tour, Jeth’ descendit, non sans mal. La flaque de vodka qui s’étendait prêt du bar le fit glisser mais il eu le temps de s’accrocher à ce qui était en fait le soutien-gorge d’une pauvre demoiselle qui passait par là, lui faisant dévoiler un sein. Encore à cause de la drogue, le jeune coréen ne réagit même pas et continua son chemin comme si de rien n’était. Ce n’est qu’une fois dehors, lorsque le froid vint gifler son visage qu’il se rendit compte de ce qu’il venait de faire et entre dans un fou rire.

« Je viens d’arracher le soutien-gorge d’une pouffe !! » Ca lui paraissait comme quelque chose d’extraordinairement drôle à cet instant même qu’il en avait oublié tout le reste. Il avait oublié tout l’enjeu de ce tête à tête avec Liang, ainsi que la manière dont il s’était croisé et comment il était censé se comporter avec lui. Tout avait disparu de son esprit et il agissait juste selon ses envies, selon ce que son corps lui dictait. Ainsi il prit la main de Liang et le fit tournoyer comme une ballerine avant de l’attirer vers lui dans un geste tout à fait théâtrale.

« Jethro ne déçoit jamais sweetheart ! »
Après lui avoir offert un de ses plus beaux sourire il le souleva pour ensuite le faire tournoyer dans les airs. Mais à ce moment il se souvint d’un détail assez important : faire tourner quelqu’un de complètement défoncé est une mauvaise idée… sans compter que Jethro n’est en rien amateur de vomis. Il reposa son ami aussitôt à terre avant d’éclater de rire :

Ne vomis pas hein, sinon je refuse que tu m’embrasse !
Tout en disant cela, il demeurait hilare, à croire que la drogue l’avait rendu beaucoup plus jovial qu’il ne pouvait l’être habituellement. Jethro mit ses mains dans ses poches et y senti un petit tube de papiers qu’il dégagea de là. Il le plaça devant ses yeux, le temps que ses yeux zoom comme il faut ; c’était un joint ! Il sortit donc un briquet de sa poche et se l’alluma. Après tout il pouvait bien s’offrir ça, il n’avait pas pu d’alcool lui ou du moins presque pas. Puis pas de risques : le jeune homme connaissait ses limites et savait quand s’arrêter. Il se mit donc à fumer son joint nonchalamment. C’est à ce moment que son cerveau lui sembla traversé d’un éclair de génie, comme cela lui arrive souvent lorsqu’il est défoncé.
« Allez, on va jouer à action ou vérité ! Je commence ! »
Il prit quelques taffes de son joint puis d’un air plutôt inspiré déclara :

« Ok disons que tu as choisis, vérité ! Dis-moi…… si tu as envie de moi ... ?» Et pour la première fois depuis un petit bout de temps déjà, il se tourna vers son ami, un petit air malicieux scotché au visage. Jethro n’était pas sûr de vouloir une réponse à cette question. En fait il n’était sûr d’absolument rien, il était si défoncé… et le joint n’arrangeait pas les choses. Il n’avait même pas demandé l’avis de Liang pour commencer ce jeu mais ça lui paraissait tout à fait naturel de choisir car dans sa tête, ça allait de soi que Liang voulusse jouer avec lui. Il se disait au fond de lui que ça pourrait peut-être donner des choses marrantes au fil de la soirée. Après tout … deux hommes … éprouvant quelconque désir l’un pour l’autre, seuls, défoncés, livrés à eux même …. La nuit promettait d’être très longue et forte en rebondissements !

Jethro avait ce genre de caractère, imprévisible, indomptable, lunatique autrement dit le genre de personne dont il faut à la fois tout et rien attendre parce qu’ils pourraient simplement vous décevoir ou bien le contraire. Mais dans les deux cas, il n’est jamais bon de s’attendre à quoi que ce soit. Jethro avait donc tout d’un homme de surprise, d’inconstance. C’est ce genre de caractère difficile qu’il faut savoir soit apprécier, soit tolérer mais jamais dompter où alors le lion sortirait ses griffes. Ainsi, un changement s’opérait déjà peu à peu en Jethro . Depuis quand avait-il été aussi faible face à Liang ? Ca ne lui ressemblait tellement pas d’agir ainsi qu’il s’en trouva soudainement ridicule au plus haut point. Ses yeux se froncèrent en y pensant. Sa propre manière d’agir se mettait à l’agacé, et souvent quand ce changement opérait en lui, quand il se décevait comme cela, il n’était pas vraiment bon l’avoir dans les parages. Oh oui il était déçu désormais en se rappelant l « ‘ énorme humiliation » qu’il s’était infligé à lui-même rien que par ses propres mots. Mais quel gros crétin ! pensait-il. Tout cela ne voulait en rien dire qu’il n’était plus totalement défoncé, au contraire. En fait c’était un déroulement naturelle des phases de son état. D’abord, la niaiserie, puis la colère d’avoir été niais … quelle serait la prochaine étape ? Il ne ferait plus autant de cadeau à Liang en tout cas. Ce dernier devait jubiler de l’avoir ainsi à ses pieds ! Ah oui, ajoutons à cela la paranoïa patente et vous avec un bon Jethro en secondes phase de défonce ! Peu avant, il avait beau avoir souri à la remarque de son camarade : « Et ce serait dommage non ? Parce que tu as envie de m’embrasser, je suis même sur que tu as envie de beaucoup plus hm. » Sans pourtant y avoir répondu, mais cette phrase se mettait désormais à tourner dans sa tête. Ca y ai il le considérait comme acquis ! Comme un pantin avec lequel il pouvait jouer à sa guise ! Jamais, ce n’était mal connaitre Jethro et il allait très vite se rattraper sur son mauvais comportement. Dans les méandres de son esprit tordu naquit même l’idée que peut être Liang voulait le tuer . Qui sait ? Il lui avait pris sa première fois, il aurait eu mille et un mobile de vouloir sa perte et de faire en sorte qu’il disparaisse de la surface de la terre (enfin c’est ce que Jethro pensait à cause de la drogue bien sure). Il se mit à étudier chacun de ses mouvements, de ses paroles, de ses regards. Peut-être avait-il l’intention de le forcer à se faire « violer » par tous ses potes « pornographes » comme Jethro aimait l’appelé. Peut-être qu'il avait élaboré un plan avec on ne sait qui pour faire de lui un esclave et le garder enferme jusqu’à sa mort dans une cave miteuse sans eau ni électricité ! Jethro essaya quand même de mettre fin à ses divagation en arrivant à la conclusion que si lui-même était surdoué et aurait parfaitement pu inventer le plan parfait pour faire de Liang un esclave à vie sans s’en faire détester, il considéra que les capacités intellectuelles du chinois ne lui aurait pas permis de plan à un plan aussi complexe (et oui Jethro est « légèrement » imbu de sa personne). A nouveau, Jethro émergea de ses pensées pour reprendre totalement conscience des choses. Son regard se fit soudainement beaucoup plus froid. Le niais avait laissé sa place à un Jethro.. Assez particulier mais déjà plus proche de sa personnalité en général. Les mains de Liang sur son torse lui firent un effet drôle. Il n’avait plus envie qu’on le touche ainsi. Jethro avait désormais la charmante impression de se trouver en face d’un pervers au sens propre du terme. Il tenta de se souvenir qu’il ne s’agissait que de ce cher petit Liang mais l’idée subsistait en lui tout de même. Il lui fit donc retiré ses mains de son corps dans un geste assez brusque. « Et pourquoi tu as le droit de choisir pour moi ? Ce n‘est pas très gentil ça hein. Pour la peine, je pourrais ne pas te répondre » … GNA GNA GNA GNA GNA GNA GNA GNA GNA GNA GNA , Jethro se répéta la phrase dans sa tête avec une intonation plus péjorative et ridicule§ Ce qu’il pouvait être une sacrée tapette parfois ce Liang ! Jethro se sentait tout à faire partage entre le dégout et une sorte de désir enfoui et impossible à refouler malgré ses efforts. En ce moment même, autant Liang l’agaçait au plus haut point et autant il appréciait en quelque sorte sa compagnie. C’était donc un mélange de sentiments opposés qui traversaient Jethro. Le rire de Liang sonna comme une mélodie des plus insupportables à l’oreille du jeune coréen qui grimaça ouvertement. « En fait, toi ou un autre ça m’est égale. Je veux juste baiser. » ET NOUS Y REVOILA ! Pensa-t-il assez fortement pour que l’expression de son visage en soit déformée ! Parfois Jethro se demandait sincèrement comment d’un aussi petit corps pouvait sortir autant d’obscénités, perversion et comment un être à l’apparence aussi mignonne pouvait-il se révéler aussi libidineux ? Jethro pensa que tout ça méritait bien une thèse avant de se mettre à sourire bêtement rien qu’en s’imaginant écrire une thèse sur son coquin d’ami … qui désormais recommençait à s’approcher bien trop dangereusement ce qui eut le don d’agacer Jethro qui le laissa faire tout de même tout en montrant son désarroi sur le visage. Il avait ce genre d’expression de déception qu’un père ou une mère aurait en apprenant que son enfant est devenu strip-teaseur ou même … acteur porno ! « J‘ai menti. C‘est quoi ma punition ?» Avec une telle déclaration, Jethro trouva que tous les deux, ils étaient maintenant ex aequo au niveau du ridicule, cela valait bien sa phrase bidon de quand ils dansaient sur le bar de la boîte de nuit. Jethro se contenta de garder un air tout à fait placide, comme si tout cela lui passait bien au-dessus de la tête pour qu’il puisse y concentrer son attention. Au moins il avait sa réponse : Liang voulait coucher à nouveau avec lui et le jeune coréen en dégageait une gloire des plus enchanteresses. Mais attention, il avait gagné une bataille mais sûrement pas la guerre ! Puis le verdict allait bientôt tomber. Liang allait décider de son action ou vérité et il fallait s’attendre à peu près … à tout ! « Action. Au prochain groupe de poufiasses qui passe, je veux que tu essayes de leur vendre ton t-shirt en disant que tu as besoin de l‘argent pour pouvoir t‘acheter une capote sans quoi tu ne pourras perdre ta virginité. » Jethro eu un sourire à la fois d’amusement mais aussi de soulagement, il s’attendait à bien pire venant de la part d’un être aussi … particulier que Liang. Jethro ne prêta aucune attention à la remarque qui suivit, ayant décidé intérieurement qu’elle ne méritait aucune réponse. « Ah, en fait tu veux que je meurs d’hypothermie ! »

Jethro leva les yeux au ciel comme s’il trouvait ce plan pour le tuer trop bas pour mériter son approbation. « Je vais le faire, comme ça ton esprit pervers pourra prendre son pied en me regardant crever à moitié à poil dans les rues de Kangnam , je suis sûre que t’as encore jamais baisé un mort dans un de tes films »

Jethro frémit rien que d’y penser. Beurk, Liang avait-il vraiment ce genre de délire bizarre ? Surement que non mais son esprit allait dans le sens opposé de cette hypothèse. Au loin, Jethro repéra deux groupes de filles, l’un avec seulement des coréennes, l’autre avec quelque filles occidentales. Vu la logique coincée des coréennes, le jeune coréen opta évidemment pour le groupe composé d’occidentales. Prenant son air de petit chat perdu et s’adressant même à elle en anglais il leur expliqua exactement la situation et que c’était un jeu car il savait pertinemment que Liang ne pouvait pas comprendre un mot de ce qu’il disait, encore moins avec son accent de Manchester. Ainsi il pu leur vendre son tee shirt pour une somme tout à fait respectable avant de revenir vers Liang, à moitié nu et surtout un peu tremblotant. « C’est bon, ton plaisir sadique est comblé ? »

Mais finalement, était un peu masochiste lui-même, il trouvait ça plutôt excitant comme situation finalement. Ce qui lui fit par la même occasion éprouvé beaucoup moins de dégout pour Liang. Se collant à lui exprès, il décida de jouer un peu. Il prit ses mains pour les poser sur son propre torse assez bien sculpté tout en approchant son visage du sien. « Allez… tu ne vas pas me laisser mourir comme ça hein ?... Il va falloir me réchauffer … d’une manière ou d’une autre ? »

Doucement, il fit descendre les mains de Liang jusqu’à son bat ventre. « Et je suis sûr que tu connais très bien le procédé par lequel les corps se réchauffent »

Puis d’un ton rieur il ajouta : « C’est ton action … réchauffe moi ! » Il se pencha un peu plus pour venir frôler doucement ses lèvres. Mais d’un coup il se détacha en éclatant de rire car tout ce qu’il venait de dire, évidemment, c’était une manière de jouer avec Liang tout comme celui-ci prenait un malin plaisir à jouer avec lui et tout en jouant l’équilibriste sur le bord de la chaussée, il s’alluma une clope.
"C'est un nom cool pour ton métier ça : réchauffeur de corps ! Ca a quand même plus de gueule que acteur porno !"